11.10.12

1124- Profession: Photographe / Vidéaste indépendant


"Vous devez tout lui montrer. Il va vous faire voir ce que vous ne voyez pas."
L'image du photographe n'est plus aussi noble et respectable qu'au siècle dernier. Fini l'image du grand photoreporter aventurier avec la barde de trois jours, et le petit Leica au cou bien qu'elle fasse encore rêver bon nombre de jeunes (comme moi) qui rêvent de faire ce métier. Aujourd'hui, voilà le pitch: Tout le monde est photographe et beaucoup pense que la nomination "photographe" en tant que métier n'est plus trop légitime, en tout cas pour dépenser une certaine somme pour un service. Si tout le monde peut s'offrir un matériel "pro" (entendez avec un prix à 4 chiffres), pourquoi se faire payer un photographe hors de prix pour couvrir un évènement ou faire une photo d'un produit si l'on a sous la main, Julie qui vient de s'offrir un réflex et qui fait de jolies photos (profil Instagram à l'appui). C'est la logique de beaucoup de clients qui préfère une main d'oeuvre beaucoup moins coûteuse.
Je pense que je vais pas mal lutter pour pouvoir un jour réussir à vivre de la photo. J'ai de la chance parce que je me suis très vite mis à la vidéo, là où la demande est encore très grande.

Mais je vois que la démocratisation de l'outils vidéo est déjà en marche: Avec le site Youtube, beaucoup ont exploité ce médium comme un moyen de création. Dans cette lignée, les logiciels de montage, d'edition vidéo se sont démocratiser. Prenons comme exemple le fameux logiciel Final Cut Pro, qui, pour sa dernière version a adopté une grand revirement pour se positionner comme un logiciel plus orienté grand public, reprenant la logique de fonctionnement de IMovie. Beaucoup de professionnels n'ont d'ailleurs pas fait la mise à jour, préférant rester sur l'avant dernière version.
Les outils de prise de vue vidéo ont aussi changés: Il est possible de filmer en haute définition, qualité cinéma avec un appareil photo réflex pour moins de 1000€. Il n'est donc plus nécessaire de dépenser une fortune pour réaliser un produit vidéo de qualité. Cette démocratisation de la vidéo est très grand avantage pour les créatifs de talent à la bourse limitée. Avec les réseaux sociaux et les sites de partage de vidéo, on y découvre énormément "d'inconnus" de talent. Avec ce flux grandissant de nouveaux vidéastes, on y découvre aussi, beaucoup de vidéo de piètre qualité, comme pour la photographie. C'est aussi ça l'effet internet.

J'imagine qu'il sera de plus en plus difficile de vivre de la photographie et de la vidéo si l'on ne cible pas une niche particulière ou si l'on a pas les bons contacts. Le client deviendra de plus en plus exigeant, inspiré par le flux continue d'internet mais sera paradoxalement plus près de son argent. Plus de qualité en dépensant le moins possible. (Et je vous passe le passage du rapport trop facilement associé entre l'image publiée sur internet et la gratuité) Et le pire dans tout ça? C'est qu'il y aura toujours une personne pour accepter d'être payé une misère pour un travail qui aura nécessité une masse important de travail.
Je fais en ce moment même partie de ces personnes qui ne facilite pas au changement de la situation. On se donne des raisons pour laisser passer des conditions qui sont scandaleuses pour ne pas perdre un client, agrandir son réseau ou nourrir son book...
Je vais finir par me reconvertir dans une autre branche et travailler dans une crémerie, histoire d'avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crèmière.

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