10.1.12

910- L'affaire Kodak et la fin de la photo argentique



"Pressez le bouton, nous nous occupons du reste" Kodak, 1889

Tout le monde en parle, je me devais d'apporter ma petite pierre...
Kodak, vieille de 131 ans, et qui symbolise à elle seule la photographie argentique et le film cinéma est au bord du précipice. La raison est évidente: tout le monde s'accorde à penser qu'elle n'a pas su s'adapter au tournant du numérique.
Il semblerait qu'elle a voulu faire cavalier seul face au changement, à l'inverse de Leica et de Zeiss, qui ont su trouver un partenaire de taille: Panasonic pour le premier et Sony pour Carl Zeiss.
Aujourd'hui, la firme a déjà revendu son département lié aux capteurs photo (rappelons que c'est bien Kodak qui signe le beau capteur plein-format du Leica M9/M9-P et celui du moyen-format Hasselblad H3D-II 50 -qui culmine à 50M de pixels!-) et elle compte désormais sur la vente de ses brevets pour survivre (1100 brevets qui seraient tout de même estimés à plus de 3 milliards de dollars!) sinon, elle aura recours au Chapitre 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis.
Après quelques recherches, il m'a semblé avoir lu que le département des émulsions sera aussi mis en vente. Espérons qu'un riche investisseur pourra reprendre tout ça pour que perdure la production des pellicules que nous connaissons... Sinon, les inconditionnels de la Portra et de la T-Max seront aussi tristes que les inconsolables fans du regretté film diapo Kodachrome...

Cette nouvelle mine donc fortemement le moral et les derniers espoirs des nostalgiques qui ont cru que l'argentique perdurerait pendant encore longtemps (j'en fais hélas parti). Dans le cas où Kodak survit à cette grande crise, je vois mal dans un futur proche pourquoi de futurs-jeunes seraient attirés par l'argentique, entre autres pour les raisons que l'on connaît tous: souplesse, rapidité, instantanéité, bas coût inhérent à la dématérialisation des données et facilité de partage. La réalité est qu'il ne faut pas oublier que la grande majorité des photos prises aujourd'hui se retrouve - et on parfois pour but de se retrouver - sur les blogs, les réseaux sociaux et divers sites d'images. Le rendu n'est plus une motivation suffisante sachant que beaucoup d'applications soit développés pour les portables ou même intégrés dans les boitiers numérique eux-même peuvent "imiter" le rendu de certains film ou procédés de développement/tirage. Bien sûr, il faudrait aussi admettre qu'il restera des labo qui continueront à investir dans les films argentiques. Et puis, si ce serait le cas, on pourrait imaginer le même scénario que pour le film 8mm (Super 8): quelques labos dispersés dans le monde qui proposent le développement à un coût très élevé... La technique ne serait donc réservée qu'à une niche particulière: les personnes prêtes à payer le prix fort en dépit d'un rallongement des délais dûs aux voyages postaux ou les personnes qui possèdent leur propre labo chez eux... Inutile de vous dire que je reste donc assez pessimiste face aux évolutions possibles du négatif. Il ne faut pas non plus s'attendre à ce que tout change si précipitamment: la demande en argentique reste, aujourd'hui, je pense assez présente: lomographie, Chambre grand-format, ...

L'issue idéale, peut-être que je rêve un peu, serait que Fujifilm (qui produit déjà lui aussi une grande gamme de pellicule couleur) ou même Ilford, reprenne la production des produits Kodak, sous leur nom après l'achat des brevets concernés... Mais bon, je pense que les choses sont plus compliquées que ça... Et puis finalement, je pense que cela arrangerait ces deux concurrents si Kodak tombe: les amateurs de la Kodak Tri-X se dirigeront vers la Ilford HP5 et ceux de la Kodak Portra vers son équivalent Fujifilm qui est le film Superia Reala. Le problème sera réglé! Pourquoi se prendre la tête dessus? Blague à part, je me demande réellement si Kodak entraînera dans sa chute la fin de l'argentique -qui était déjà bien mal en point-...

Mais si la firme finit par disparaître, ce que je n'espère pas, dans futur plus ou moins lointain, ce sera un semblant de réanimation comme avec Polaroid et Impossible Project aujourd'hui. Au final, pour moi, il a eu beaucoup d'espoir dans ce partenariat qui se sont soldé par des déceptions successives...

J'ai bien peur qu'il est possible nous soyons les témoins des dernières années de la photographie argentique de la même manière que nous avons assisté à la naissance du numérique. Il est donc temps d'acheter en masse pour investir, tout comme les personnes intelligentes qui ont achetés les derniers cartouches de Polaroid 600 pour les revendre à prix d'or sur la baie... Ce qui me rend triste c'est que plus tard, mon matériel numérique et argentique prendra la poussière dans une étagère. Le premier, sera devenu obsolète face au nouveau capteur organique holographique 3D de 2X50Mpx... Bien sûr, il faudrait admettre que nous survivrons tous après le 21 décembre prochain. Déjà, ça, c'est moins sûr...

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